English Comment :
Hélène Dorion has recently become my favorite French-language poet and writer. The fluidity of the langage she uses, the images she creates keep me in a state of wonder I hadn’t felt in a long time. This book is one of her few publications in prose and it is to be found in the biography section of bookstores. It is a memoir of sorts but not of the kind that lines up a series of facts about one’s life. Rather, it presents impressions and blurry memories of a life filled with good moments and more difficult moments, and moments that were not necessarily understood at the time. In this sense, writing helps recreate meaning and illuminates the past. This book is somewhat similar to Per Olov Enquist’s memoirs although that produced a much larger book. In the parts about their childhood at least, there is a similar feeling of partial understanding and slow learning, leading eventually to the ability to make sense of what to a child was a mystery.
French Comment :
Hélène Dorion nous raconte, dans cette petite autobiographique, des moments de son enfance et d’autres de sa vie d’adulte, doucement, sans heurts, nous entraînant dans un monde d’impressions et d’émotions tout en nuance. Elle y raconte aussi la découverte de l’écriture, de la liberté qu’elle amène.
Sur le sable, la marée monte, la marée redescend. Les pas s’y enfoncent et s’y perdent, creusent le dedans, creusent le dehors, révèlent le passé qui les forme. Je laisse entrer les heures en moi. Puis ce sont les mots qui entrent. Bientôt les carcans, les habitudes, les rampes que deviennent parfois les choses, tout ce qui m’enserrait s’ouvre, – le lac immense, les arbres, la rue, la lumière, mon corps même, me voici avec, plus encore, je suis à l’intérieur, enfin, je suis ici. L’écriture rend au temps sa liberté, à l’espace ses ailleurs. (p. 8)
Elle y raconte ses peurs d’enfants, les déchirures qu’elle a vécues, la séparation des parents, le déménagement, la perte d’amitié, la maladie et la découverte de la précarité de la vie.
La maladie déverse sur la vie une énorme boue, déroule un corridor d’obscurité. Le temps s’arrête, suspendu comme les jours, les nuits, ne tien plus qu’à un fil, comme le corps à l’âme. (p. 22-23)
Elle décrit aussi ce qu’elle sait de l’histoire de ses parents, des bribes de l’histoire de sa grand-mère, écossaise, irlandaise ou peut-être bien anglaise, se questionne sur ses origines, sur les amours qui l’ont amené ici.
Des traces s’accumulent, forment bientôt une ligne fine, un chemin, tout une vue avec des rêves comme des barques qui la traversent, vont d’une rive à l’autre porter leurs bagages d’espérance, et rentrent au port pour y trouver le seul visage qui importe, l’amour, – ciel et terre enfin rassemblés en deux bras, deux yeux, un seul corps chargé de tous les mondes. (p.100-101)
Elle cherche dans les jours ordinaires de sa vie le sens de celle-ci, le sens qui la porte. Ce faisant, elle nous emporte avec elle dans ce monde et nous fait partager à la fois la tristesse des pertes qu’il comporte et l’émerveillement de choses à découvrir.
Ce livre est un bijou et une inspiration pour qui ne verrait dans la rédaction de mémoires qu’une suite de faits en ordre chronologique… Les mémoires ici sont faites des plus ténues impressions et de légères fumées de souvenirs presqu’oubliés.
Références :
Dorion, Hélène, Jours de sable, Collection « ici l’ailleurs », Leméac, 2002.
Enquist, Per Olov, Une autre vie, Actes Sud, 2010.
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