Tag Archives: Éditions du Noroît

Paul Bélanger, Des amours

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La couverture rouge de ce recueil de poésie s’accorde bien à son titre et à ses thèmes.

Le poète nous parle des amours charnels qui s’expriment dans la médiation du corps. La transition de l’amour charnel au poème s’opère par des images limpides. Voici donc deux exemples:

de même ces mots étranglés dans ta gorge
tu les caressais comme autant d’énigmes
tu ne pouvais pas savoir
si tout cela

menait à un échec tant
les repères volaient en éclats

Et,

tu ne guérissais pas
de l’amour au chatoiement
si divers que l’impossible reste
le noyau qui aimante
ce corps et ce vers
comme la plus inattendue
des histoires

pour autant tu reviens
à cette chute des métamorphoses

Cette transition au poétique le différencie d’un amour banal (mais est-ce qu’un amour peut être banal?).

Le poète est à la recherche de la communion intense qui rencontre rarement l’apaisement. Deux passages, en particulier, m’ont accrochée:

elle habitait peut-être tout près
dormait-elle seulement à demi
tournée vers le vide
comme moi
nouée à mon absence

Et,

Cette pulsion source tu l’attendais
chaque jour comme son amour
le poème y dormait depuis mille ans
prenait forme quand tu la regardais dormir

Tout de l’amour mène à l’émoi, l’acte, son anticipation et son souvenir, l’absence de l’être aimé. Les poèmes ne peuvent être réduits à des anecdotes, ils transmettent l’émotion à l’état pur.

Référence:

Bélanger, Paul. Des amours. Éditions du Noroît, Montréal, 2015.

Autres choses:

http://lesmeconnus.net/exister-vers-lamour-delie-des-amours-de-paul-belanger/

http://vitrine.entrepotnumerique.com/resources/9782890189843

Denise Desautels et ses souvenirs du Parc Lafontaine

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Denise Desautels nous offre ses souvenirs du Parc Lafontaine dans Sans toi, je n’aurais pas regardé si haut : Tableaux d’un parc, publié aux Éditions du Noroît, dans la collection « Lieu dit ».

Elle nous laisse avec des très fortes impressions d’expériences vécues dans une vie qui se déroule près de ce parc mythique à Montréal. Nostalgie, aussi des impressions d’enfant : le zoo du parc, le Jardin des merveilles, les cages à ours, le lagon et ses embarcations, les bâtiments du parc et des environs,…

Le parc, quasiment une forêt au beau milieu de l’autre siècle. Avec son zoo d’avant le Jardin des Merveilles et ses ours noirs qu’on tient en cage loin, côté sud, où c’est sauvage. L’extrémité du monde. Une forêt qui fut ferme et camp de manœuvres militaires dans d’autres vies.

Et de sa vie d’adulte : échange avec un fils, étrangers croisés au fils des promenades, événements marquants, artistiques, politiques, ou autres…

Tous les lieux ont une histoire, histoire officielle, publique dont on peut retracer les faits, mais ils ont aussi une histoire intime, qui vit dans la mémoire de ceux qui les ont fréquentés.

Le texte est accompagné de photos de l’auteur, ainsi que de clichés tirés d’un documentaire de Pierre Petel réalisé en 1947, disponible sur le site de l’Office national du film :

http://www.onf.ca/film/au_parc_lafontaine

Et de facture plus contemporaine, un survol du Parc Lafontaine d’aujourd’hui :

http://www.youtube.com/watch?v=Y3rB8trsdU8

http://www.youtube.com/watch?v=wR9extzowhA

Pour en savoir plus sur Denise Desautels et ses autres oeuvres publiées aux Éditions du Noroît:

http://www.lenoroit.com/site/index.php?section=3&idAuteur=72

 

Célyne Fortin et Paul Bélanger à la Librairie Paulines le 31 janvier 2013

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Jeudi dernier, je suis allée à la conférence des Jeudis littéraires à la Libraire Paulines. Nous avons eu droit à un événement très intéressant, combinant la réflexion sur le travail de poète et le travail d’éditeur de poésie. Célyne Fortin, co-fondatrice des Éditions du Noroît avec son mari René Bonenfant, ainsi que Paul Bélanger, président des Éditions du Noroît depuis 1991, se sont entretenu avec Louise Dupré.

Cet entretien a été enregistré et sera diffusé sur Radio Spirale sur le web.

Ils ont discuté de l’histoire de la maison d’édition, de plaisir qu’ils ont à faire un travail d’accompagnement des créateurs et le souci de continuité qui guident les choix qu’ils font.

Ils ont aussi discuté de la relation entre leurs activités de poètes et d’éditeurs. Paul Bélanger a parlé de mettre l’écriture en veilleuse dans son rôle d’éditeur, de se mettre en retrait, d’être à l’écoute de l’auteur et apprécier une écriture autre que la sienne, avec une esthétique différente. Il parle du processus d’accompagnement d’un auteur comme d’un dialogue à long terme, qui permet « la mise en crise du texte », en posant des questions qui permettent à l’auteur de cheminer et à l’œuvre de mûrir.

Ils ont aussi parlé de leur propre œuvre. Célyne Fortin décrit comment elle écrit au « je », une écriture pulsionnelle, sans retenue et sans pudeur, où la pensée passe par le cœur. Paul Bélanger dit garder une plus grande distance entre l’auteur et l’énonciateur du texte et avoir une approche plus cérébrale. Il dit aussi que tout auteur est l’auteur d’un seul livre, qu’il y a une continuité des obsessions qui se métamorphosent dans le temps.

Ont suivis des lectures de parutions récentes, avec rappels, au grand plaisir du public.

 

Références :

Bélanger, Paul. Replis, chambre de l’arpenteur. Éditions du Noroît, Montréal, QC, 2012.

Fortin, Célyne. Femme infrangible, poème (1982-2008). Éditions du Noroît, Montréal, QC, 2012. (choix et préface de Jean Chapdelaine Gagnon)

 

Voir l’article suivant sur les vingt ans de Célyne Fortin et René Bonenfant au Noroît :

http://www.erudit.org/revue/urces/1991/v/n33/025674ar.pdf

Et le site de la maison :

http://www.lenoroit.com