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Dominique Fortier, Du bon usage des étoiles

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Dominique Fortier, Du bon usage des étoiles

La disparition de l’Erebus et du Terror dans les froideurs de l’Arctique a exercé une grande fascination sur les fervents de l’exploration navale ainsi que sur les esprits sentimentaux qui se mettaient à la place de Lady Franklin qui avait perdu son explorateur de mari. Le roman de Dominique Fortier a été écrit avant la découverte des épaves des bateaux et on en savait moins sur l’issue de l’aventure que maintenant.

Néanmoins, ce roman historique d’une grande sensibilité nous présente une intéressante version des faits et gestes des membres de l’expédition, de l’enthousiasme du début (pas toujours partagé par le capitaine du Terror) au désespoir des mois où les navires restent pris dans la glace qui ne se dégage pas même durant les mois les plus chauds.

Le récit nous promène d’un continent à l’autre, avec la description de repas de fête ou de repas austères. Nous faisons aussi des retours dans le passé, ce qui explique mieux la vie intérieure de certains personnages dont l’extérieur bourru révèle peu de la richesse des pensées et des sentiments. Bien que nous connaissions le dénouement, je n’ai pu m’empêcher d’espérer une issue plus heureuse.

La couverture de cette édition dans la collection CODA des Éditions Also est très belle.

Référence:

Fortier, Dominique. Du bon usage des étoiles. Collection CODA. Éditions Alto, Québec, 2013 [2010].

Quote

 

On raconte qu’elle a commencé par limiter ses visites au village, pour ensuite rester cantonnée au jardin, avant de ne plus guère quitter la maison, puis le deuxième étage, pour finalement élire domicile dans sa chambre, dont elle ne sortait qu’en cas de stricte nécessité. Mais en vérité, elle vivait depuis longtemps dans bien plus petit encore: un bout de papier grand comme la paume.

Cette maison-là, personne ne pourrait la lui enlever.

 

Dominique Fortier, Les villes de papier

Dominique Fortier, Les villes de papier

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Qui connait bien Emily Dickinson? Je connaissais le nom, une impression de légèreté… mais les vers? En avais-je jamais lu? Peut-être quelques-un, par ci par là…

Dominique Fortier nous fait découvrir le personnage, la fait sortir du brouillard des siècles, pour nous faire sentir la sensibilité de cette âme singulière. Avant d’en dire plus, quelques vers… With the help of John Bartlett’s book of Familiar Quotations.

If I can stop one heart from breaking,
I shall not live in vain;
If I can ease one life the aching,
Or cool one pain,
Or help one fainting robin
Unto his nest again
I shall not live in vain.

Inebriate of air am I,
And debauchee of dew,
Reeling, through endless summer days,
From inns of molten blue.

One need not be a chamber to be haunted;
One need not be a house;
The brain has corridors surpassing
Material place.

Des perceptions particulières de la vie, de la relation aux autres, à la nature, à la réalité… Tout chez Emily Dickinson tend vers l’excès, surtout l’excès de sensibilité. Elle préfère s’enfermer dans sa chambre pour écouter la voix dans sa tête plutôt que passer son temps avec les membres de sa famille. Plus tard dans la vie, elle sera pratiquement recluse. Dominique Fortier nous raconte sa vie, du point de vue de la poète, à demi-mots, avec une incomparable légèreté et délicatesse de langage.

En parallèle, la narratrice raconte son expérience de séjour au Massachusetts, son sentiment de déracinement, sa conscience de sa relation aux choses et aux endroits. Elle partage son émoi lorsqu’elle est en contact avec des manuscrits d’auteurs (en particulier Gabrielle Roy, dont elle est une experte) et se demande ce qu’elle ressentirait au contact des manuscrits d’Emily Dickinson conservés à Harvard.

Emily Dickinson a vécu à la même époque que Lewis Carroll, Louisa May Alcott, Mark Twain et Henry James. What a time.

Référence:

Fortier, Dominique. Les villes de papier. Éditions Alto, Montréal, 2018.

Other things:

https://en.wikipedia.org/wiki/Emily_Dickinson

http://editionsalto.com/auteurs/dominique-fortier/

https://yvonpare.blogspot.com/2018/08/dominique-fortier-et-sa-quete.html

 

Quand la concentration fait défaut

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Après un roman-bonbon d’Isabel Allende, j’ai un peu de difficulté à me replonger dans un autre livre. Ou je préfère aller dessiner.

J’ai lu la moitié de Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson. Ce livre est au calendrier du club de lecture de la bibliothèque municipale au mois d’octobre. Donc, je me suis dis que ça serait le bon moment de le lire puisque j’aurais une occasion d’en discuter avec d’autres. Je n’ai jamais rien lu de Sylvain Tesson mais je l’ai vu participer à la Grande Librairie quelques fois et le personnage me fascine. Je dis bien “personnage” parce qu’il me semble bien peut naturel, qu’il cultive une image d’aventurier sans peur, avec un certain détachement. C’est sûr que la paralysie faciale résultant d’une chute d’escalade de façade de maison lui donne un air canaille sans pareille.

Donc, Tesson dit que ce livre est son journal d’ermitage lors d’un séjour en Sibérie de février à juillet 2010. Il y relate ses faits et gestes durant son séjour, les détails des difficultés de la vie dans une cabane isolée durant le dur hiver sibérien, et les visites parfois étranges que lui font des gens de passages. Je m’attendais à plus de profondeur dans le propos, mais c’est à peine mieux que mon propre journal intime… Allons voir si la deuxième moitié est plus intéressante.

J’ai commencé la lecture de Récolter la tempête de Benoît Côté. Jusqu’à maintenant, des histoires d’ado…

Et j’ai mis le bout du nez dans Les villes de papier de Dominique Fortier. J’avais beaucoup aimé son dernier livre, Au péril de la mer, et je crois que la même magie opère avec celui-là. La délicatesse du langage, la justesse des images… Elle raconte la vie d’Emily Dickinson. C’est absolument fascinant. Je crois que c’est le livre qui me fallait en ce moment.