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André Vanasse, La flûte de Rafi

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La quatrième de couverture de ce livre nous dit « Le roman bouscule une croyance répandue à l’effet que les colons venus en Nouvelle-France étaient tous d’authentiques catholiques français. Il remet en question la notion de Québécois pure laine. »

De façon intéressante, André Vanasse nous présente les origines de son ancêtre qui vint s’établir en Nouvelle-France. Quand on parle de l’ancêtre, on veut généralement dire le mâle dont on descend en ligne directe, le point de départ de la lignée paternelle en Nouvelle-France. En général, si on peut l’identifier, on en sait que très peu sur sa vie, et ce qui l’a amené en Amérique du Nord. C’est certainement le cas avec mon ancêtre normand Jean Hérou, arrivé vers 1670. André Vanasse fait donc l’hypothèse, étayée par les recherches documentaires qu’il a faites, sans être pourtant historien, que bien des colons français étaient des juifs converties et que c’était vrai dans le cadre de son ancêtre.

Le romancier bâtit donc un récit à partir des maigres faits connus sur son ancêtre et nous fait voyager, avec lui, à travers l’Europe du 17e siècle. Il spécule sur la vie quotidienne de différentes personnes, les difficultés qu’elles rencontrent ainsi que les rêves qui les habitent. L’ancêtre que nous présente André Vanasse est un juif de Cracovie qui quitte sa ville natale pour tenter sa chance ailleurs et qui doit éventuellement cacher son identité juive pour pouvoir survivre, en particulier suite à son établissement dans la ville de Rouen en France. Éventuellement, son attachement à sa religion est découvert avec des conséquences fatales. C’est son fils, qui fuit la France suite au meurtre de ses parents, qui viendra s’établir en Nouvelle-France.

Je ne chercherai pas à savoir ce qui est plus ou moins probable dans ce récit. Est-il possible qu’un jeune juif de Cracovie en vienne à être l’apprenti d’un marchand fortuné? Aurait-il pu vraiment devenir le bras droit d’un marchand d’art et côtoyer Rembrandt et ses contemporains? Aurait-il pu s’ouvrir une galerie à Rouen suite à son mariage avec une fille de cette ville? Son fils devint-il vraiment un musicien aussi accompli que nous le présente André Vanasse? Les envolées de l’imagination et ce qu’elles permettent, la liberté de concevoir des chemins pleins de promesses autant que d’embûches, sont le propre du romancier. Et celui-ci nous raconte une bien belle histoire, remplie de personnages attachants.

Dans l’épilogue, André Vanasse présente certaines des sources qui l’ont amené à spéculer sur les origines juives de certaines familles québécoises. Les hypothèses sur lesquelles est basé le roman pourraient bousculer certaines idées reçues. André Vanasse nous dit :

J’ai cru comprendre, en parlant du contenu de mon roman à certaines personnes, que cette hypothèse d’une origine juive de premiers arrivants en Nouvelle-France passe infiniment moins bien que pour les autres ethnies. Elle suscite souvent un silence gêné, preuve que le Juif occupe une place très particulière dans imaginaire collectif.

Je crois que nous sommes plus habitués au Québec à voir le Juif en tant que Juif anglophone, homme d’affaire exploitant les masses de travailleurs à son emploi, que d’y penser en tant que colon francophone peut-être converti au catholicisme par souci de survie. Où est-ce seulement ma propre perception, colorée par les commentaires de gens de ma parentée sur les employeurs qu’ils ont eu dans leur jeunesse? Certainement la question de ce que constitue un « Québécois pure laine » est peut-être plus complexe que je ne l’ai jamais pensé. Mais cette hypothèse n’est pas pour moi choquante… L’histoire telle qu’on la connaît est souvent beaucoup trop simplifiée et un certain ajout de complexité ne peut que mieux expliquer la diversité des vies et des événements qui forment au fils du temps « l’histoire ».

Il sera intéressant de lire le récit de Claude Jasmin sur ces amours avec une jeune femme d’origine juive (dans Anita, une fille numérotée). Les deux auteurs étaient d’ailleurs présents lors du dernier Salon du livre de Montréal à une table ronde sur la question juive au Québec.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/André_Vanasse

http://www.litterature.org/recherche/ecrivains/vanasse-andre-461/

 

 

Wednesday Night Ramblings

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I am quite scattered this week. I actually have 6 books in progress (4 novels, a chronicle and a poetic essay), and I am feeling starved because my Kobo’s battery is dead and 3 of the novels are on it. Notice that there are still 2 books I can read, but I am itching to read the 3 that I cannot reach until I rescue my charger from my laptop back at the office tomorrow.

I am scattered in other ways as well, such as forgetting to buy my December monthly transit pass, but let’s not dwell on that for too long…

The 3 novels on the Kobo are Stephen King’s 11/22/63, Ian McEwan’s Sweet Tooth, and Kazuo Ishiguro’s Never Let Me Go. They’re all very different genres (fantasy, spy and speculative fiction) but I do have rather eclectic tastes. The paper novel is André Vanasse’s La flûte de Rafi, a historical novel. Also, I am reading Rodney St-Eloi’s account of his experience of the 2010 heartquake in Haiti and a book by Hélène Dorion about poetry.

Stephen King speculates about what could happen if one could go back in time and change a historical event, namely, the assassination of John F. Kennedy. Of course his time travel device presents some constraints and his time travellers have limitations of their own. They do think, however, that they would be doing humanity a service by allowing this great man a longer life span. That may be counting without “history” that resists being changed, as they clearly see from attempts at changing events that have much less impact on the world. All done in typical Stephen King style, with bad omens abounding.

The only other Ian McEwan novel I have read is Solar. So far, with Sweet Tooth, there is one similarity in the presence of a professor as a character, but whereas the professor was the main character in the former, the latter reserves a secondary role to the academic and the guy dies quite early in the novel. However, this existence is linked to major life choices of the main protagonist who so far, grew up as a bishop’s daughter and loved reading novels, studied math at Cambridge to please her very decisive mother, and who got hired as a glorified office clerk by MI5. Who know what the future holds for this young woman coming of age in England in the early 1970s? At about 17% into the novel, I can only see a lingering heartache from her short affair with the professor…

The Ishiguro novel is much harder to characterize… It is odd to say the least. It tells the story of a young woman who grew up at a very special boarding school where none of the students seem to have families. They are told they have been brought into the world for a very special purpose and that they have to keep themselves healthy so they can perform “donations”. I understand that to mean organ donations, but why that would be needed and under what conditions totally escapes me. These young people expect to be “carers” before they have to start donations, and that means, as far as I can guess, that they have to assist in the care and recovery of those who have made donations. The descriptions of the behavioural norms at the school as well as afterwards are made by the main character, in the first person, and reflect the usual thought process of someone trying to make sense of the world by inference, with little opportunity for asking for corroborating information. As the information shared is filtered by one ill-informed character is it not fully credible, so the reader is left to find out where the “truth” may lie. The story seems to be set in England in the 20th century but that is not explicitly said.

Well, enough for now… I do want to get some reading done before going to sleep.