Karoline Georges, De synthèse

Standard

Ce roman est envoutant. Raconté à la première personne, il nous présente une femme qui a une relation trouble avec la réalité et avec le monde tridimensionnelle. Elle préfère les images à la réalité et passe plus de temps avec son avatar qu’avec d’autres êtres humains. Cet incapacité à distinguer entre le simulacre et le vrai, ou cet étrange préférence pour passer de l’autre côté de l’écran, en fait un ermite dont la vie est constamment vécue à travers des filtres technologiques.

Jusqu’au jour où sa mère tombe gravement malade et elle se résigne à sortir dehors pour se rendre à l’hôpital.

Ce soudain contact avec le réel est très inconfortable et elle doit trouver une façon de s’en distancier.

Il me suffit de percevoir les lieux que je traverse comme autant de scènes d’un vidéoclip, de me faire caméra, œil abstrait, pour n’apercevoir que la présence dynamique des gens, avec un décor de coureurs et de formes mouvantes; je dois me convaincre qu’ils ne sont pas vraiment là, qu’il n’y a que des images, dans un environnement virtuel. Je m’invente que je suis encore sur mon tapis de travail, dans mon atelier.

Que toute cette scène à l’hôpital est un simulacre en trop haute définition.

Elle décrit constamment sa perception de la réalité, les changements les plus minuscules dans ces perceptions, la construction et reconstruction constante du monde qui l’entoure. Pour cette lectrice dont la perception du monde en est une de solidité matérielle, cette façon de voir laisse une impression de flottement, d’irréalité. Peut-être est-ce pour cela que j’ai tant aimé le livre: c’est une libération du poids du monde physique.

 

Référence:

Georges, Karoline. De synthèse. Montréal, Alto, 2017.

Leave a Reply

Please log in using one of these methods to post your comment:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s