Sofi Oksanen, Les vaches de Staline (Staline’s Cows)

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Ce livre n’est devenu disponible en traduction française qu’après le grand succès de Purge et ne l’est toujours pas en anglais. Tout comme Purge, ce livre se passe en partie en Estonie et l’histoire récente de ce pays se pose en trame de fond au récit. Katariina, un des personnages principaux, est une ingénieure estonienne qui épouse un Finlandais et émigre en Finlande. Ils ont une fille, Anna, qui a une relation trouble avec ses origines, avec la Finlande et sa culture, ainsi qu’avec la nourriture. On pourrait ainsi dire qu’Anna est une personne troublée dont les problèmes envahissants l’empêchent d’avoir des relations saines avec autrui.

L’obsession de Katariina pour la gestion des apparences, un moyen de protection sûr dans un régime totalitaire où rien ne peut aller à l’encontre des attentes du régime sans poser problème, s’est transmuté en boulimie-anorexie chez sa fille Anna qui a une obsession d’avoir une apparence qu’elle considère idéale à un poids qu’elle considère idéal. En même temps, elle veut cacher le fait qu’elle se fait vomir et les divers stratagèmes qu’elle emploie pour dissimuler cette pratique relève parfois de la farce.

Ce livre foisonne de lignes narratives et je doute qu’une seule lecture permette de toutes les saisir et de voir les relations entre elles. Pourquoi le père est-il toujours absent et pourquoi semble-t-il avoir une autre vie à Moscou? Pourquoi la mère accepte-t-elle cette situation? Elle préfère peut-être ne pas avoir le père dans les jambes? L’auteure essaie-t-elle de souligner l’immense solitude de chacun des personnages?

Le récit passe maintes fois de la période des années 40 (l’enfance de Katariina), au milieu des années 70 (la rencontre des parents) et un présent où Anna est une jeune adulte. Ces passages mettent en évidence le lien entre les dissimulations des proches de Katariina durant de l’ère soviétique, l’étanchéité de la cellule familiale d’Anna en Finlande où ils ont peu de contact avec les Finlandais et se méfient et se tiennent à l’écart de la communauté estonienne, et l’isolement dans lequel les troubles alimentaires poussent Anna tout au long de sa vie.

Dans la troisième partie du livre, Anna a un amant qu’elle appelle « son petit troll »… devant qui elle ne dissimule rien et à qui elle révèle tout. Cet état libérateur lui permet de mieux jouir de la vie; elle sent qu’elle est arrivée à destination.

 

Référence

Oksanen, Sofi. Les vaches de Staline. Éditions Stock, 2011. (originalement publié en finnois en 2003)

2 responses »

  1. Pingback: Sofi Oksanen, Quand les colombes disparurent (When The Doves Disappeared) | Sylvie's World is a Library

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